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Vinci Vs Aéroports de Paris

29 Juillet 2013, 10:26am

Publié par SPASAP CFDT

Ce sont des ventes d'actifs dans les entreprises qui financent le plan d'investissements d'avenir de l'État. Fin juin Bercy a réalisé la vente de 9,5% du capital d'Aéroports de Paris. L'opération a été menée conjointement avec le Fonds stratégique d'investisse ment et a permis de dégager 738 millions. L'État conserve la majorité dans le capital (50,63 %). S'il veut descendre au dessous de la barre des 50%, la loi de privatisation de 1986 lui imposera de passer devant le Parlement. Suite à cette opération le capital de la société Aéroports de Paris est réparti comme suit :

  • l'Etat français : 50,63%
  • Schiphol Group : 8 % ;
  • Investisseurs institutionnels : 33,07 % (dont 8% pour le groupe Vinci) ;
  • Investisseurs individuels : 6,6 % ;
  • Salariés : 1,7 %.
     

Vinci paie une prime sur le cours de Bourse d'ADP pour se renforcer à son capital

Les Echos du mardi 2 juillet 2013 analysait que Bercy et le Fonds stratégique d'investissement ont ont vendu leurs titres à un prix jamais atteint depuis cinq ans en Bourse, tout en choisissant le couple franco-français Predica-Vinci. Les 78,50 euros obtenus- seulement 15% en des sous du plus haut historique de l'action en 2007- font tomber dans l'escarcelle des deniers publics un gain de 78% sur le cours de privatisation d'ADP il y a sept ans (hors dividendes), quand une gestion de père de famille qui aurait suivi l'indice SBF120 a perdu 15%. A l'inverse, la filiale du Crédit Agricole et Vinci prouvent leur volonté d'être des actionnaires d'un terme nettement plus long que leur engagement de conservation du bloc pendant un an en con sentant une prime par rapport au cours de Bourse. Elle atteint 14% sur la moyenne des trois derniers mois du titre, que la spéculation a fait grimper huit fois plus rapidement que la place depuis le 1er janvier.
 

Bloquer Vinci avec un plafonnement des actions à 8%

Par courrier reçu le 9 juillet 2013, la société par actions simplifiée SOC 15, contrôlée par Vinci , a déclaré avoir franchi hausse, le 5 juillet 2013, les seuils de 5% du capital et des droits de vote de la société Aéroports de Paris . Le groupe de BTP détient 7.916.848 actions Aéroports de Paris représentant autant de droits de vote, soit 8 % du capital et des droits de vote de la société. Vinci entend conserver dans la durée sa participation. Il déclare souscrire aux axes de stratégie présentés par ADP. Il est disposé à discuter avec la société de coopérations plus approfondies, notamment dans le domaine des opérations de développement à l’international (acquisitions, prises de participation, nouveaux projets). Vinci est disposé à faire bénéficier ADP de son réseau international existant, de son expertise en construction et gestion de grandes infrastructures à l’étranger et de sa capacité à monter des financements adaptés pour de tels projets.

En détenant 8% du capital d’Aéroports de Paris, dont il rêve de prendre un jour le contrôle, Vinci se retrouve en bonne position en cas de privatisation du gestionnaire des aéroports parisiens. Mais cette participation - plafonnée par écrit- est insuffisante pour empêcher un autre acteur de se lancer lui aussi dans une telle opération, le jour où ADP sera privatisé (s’il l’est un jour). L’Etat a souhaité éviter de reproduire le scenario de la privatisation des Autoroutes du sud de la France (ASF) en 2005, où Vinci détenait déjà plus de 20% au moment du lancement du processus. Cet événement avait marqué les dirigeants d’ADP dont une grande partie de la stratégie a été de faire barrage à Vinci précise La Tribune du mardi 2 juillet 2013.

Pour éviter une telle situation, le cahier des charges de la cession des titres de l'Etat et du FSI stipule que, sauf en cas de privatisation, la participation des nouveaux actionnaires soit plafonnée à 8% pendant 5 ans. Pendant cette période, Vinci ne peut donc pas acheter des actions supplémentaires d'ADP sur le marché.
 

Historique de l'anti-Vinci chez ADP

L'épisode des ASF est d'ailleurs crucial pour comprendre les relations entre ADP et Vinci depuis près de sept ans. Au moment où Vinci a commencé à monter au capital d'ASF, le directeur de cabinet du ministre des transports de l'époque Gilles de Robien n'était autre que Pierre Graff, celui qui allait présider ADP de 2003 à 2012. « La façon de faire de Vinci dans la privatisation des autoroutes lui est restée en travers de la gorge. Redoutant que Vinci agisse de la même façon pour ADP, un grand nombre des décisions de l'entreprise a visé à faire obstacle à Vinci », explique un très bon connaisseur de l'entreprise. Le 3 janvier 2008, 18 mois après l'entrée en Bourse d'ADP, l'annonce dans la presse de l'entrée de Vinci dans le capital d'ADP à hauteur de 3,3% fait l'effet d'une bombe au siège d'Aéroports de Paris. Personne n'avait vu le coup venir. A ce moment là, l'Etat possède encore 68% du capital. Pour ADP, il faut trouver une parade. Ce sera N.V. Lutfhaven Schiphol, le gestionnaire de l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol. Dix mois après l'arrivée de Vinci dans son capital, ADP annonce une alliance stratégique avec les Hollandais, confortée par un échange d'actions. Si officiellement, cette opération a pour but de développer des synergies avec les Hollandais (elles sont difficilement perceptibles aujourd'hui), elle avait surtout pour objectif de placer plus de 8% des actions de l'Etat à quelqu'un d'autre que Vinci qui faisait le siège de Bercy pour monter au capital. Selon les informations de La Tribune, c'est ADP qui a présenté le projet à l'Etat à l'époque. Résultat. Après cette alliance avec les Hollandais, l'Etat détenait près de 60% du capital d'ADP. Du coup, en cas de cession de l'Etat jusqu'au seuil de 50% d'ADP, Vinci ne pourrait au mieux rafler 10%, pour porter sa participation à 13%. Insuffisant pour refaire le coup d'ASF.
 

Un siège au conseil d'ADP

Pour certains observateurs, cette rivalité avec Vinci a également joué dans la décision d'ADP de se porter candidat à la prise de contrôle du gestionnaire turc d'aéroports, TAV, afin de barrer la route à Vinci, lui aussi sur les rangs (les deux groupes français se sont même retrouvés en finale). Objectif : éviter que le groupe dirigé par Xavier Huillard n'obtienne une référence majeure dans le secteur aéroportuaire et ne devienne légitime à prétendre contrôler un jour ADP. Vinci a perdu la bataille turque. Tant mieux pour lui quand on connaît la suite. Mais il a raflé les aéroports portugais ANA qui lui serviront de tremplin pour sa stratégie d'expansion aéroportuaire. Aujourd'hui, Augustin de Romanet n'a pas la même appréciation de Vinci que son prédécesseur. Il affiche une neutralité de façade. Pas sûr néanmoins que cette présence le satisfasse pleinement. Car Vinci obtient un siège au conseil d'administration. Il n'aura aucun pouvoir, mais suffisamment pour mieux cerner sa proie de demain conclue La Tribune.
 

Le risque Vinci pour ADP

Il est opérationnel et immédiat. La "Lettre A" du jeudi 18 juillet 2013 analyse que les deux sociétés nourrissent des stratégies directement concurrentes d'expansion dans les aéroports régionaux français. Vinci est déjà concessionnaire du très discuté projet de Notre-Dames-des- Landes, tandis que Vinci Airports gère dix aéroports en France : Poitiers, Clermont- Ferrand, Grenoble, etc. Le président de cette filiale, Nicolas Notebaert, compte étendre encore son emprise.

ADP a pour sa part l'expérience de plateformes de taille limitée, avec Le Bourget, Coulommiers, Etampes... Elle compte mettre en valeur ce savoir-faire lorsque la privatisation des infrastructures régionales prendra son envol. Ce moment approche : le 28 juin, un responsable "proche du dossier" indiquait à Reuters qu'une telle ouverture de capital "était une possibilité". Depuis, la Commission européenne a plaidé de fait pour accélérer de telles privatisations, en publiant le 4 juillet des lignes directrices en cadrant les aides d'Etat dont se nourrissent les aéroports. Augustin de Romanet devra-t-il bientôt dévoiler sa stratégie en la matière face à un conseil d'administration particulièrement attentif, à commencer par Xavier Huillard ?

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